Lettre de nouvelles n°14 - 5 mai 2020


Bonjour à toutes et à tous.

Avons-nous entamé notre dernière semaine de confinement? Rien n’est moins sûr. Il nous faut encore prendre (et non perdre!) patience et attendre. Depuis quelques temps, certains, au sein du christianisme, parlent de privation de liberté : interdiction de se déplacer, de célébrer des cultes… Mais je m’interroge car en les entendant je me rends compte que je n’ai pas l’impression d’avoir été privée de liberté. Alors, est-ce que la liberté, c’est dans la tête? Est-ce que l’on peut se convaincre d’être libre, même « enfermé » chez soi? Peut-être que la lecture est un bon moyen de s’évader sans bouger et j’ai la chance d’être une grande lectrice de tout… et de n’importe quoi !
Et si finalement, c’était la société d’avant qui nous privait de liberté avec ses injonctions à être ceci, à avoir cela : aujourd’hui pas grand intérêt à avoir une voiture hors de prix : il n’y a personne dans la rue devant qui frimer !
Peut-être que que je ne souffre pas d’un manque de liberté parce que depuis maintenant plusieurs années j’ai fait le choix de ne plus avoir besoin de grand chose pour vivre. Un choix écologique, éthique, moral et spirituel qui permet de vivre une certaine cohérence entre les idées et la pratique (même si je n’ai pas atteint le paroxysme de la cohérence!). Et j’ai la chance de ne pas avoir des gouts de luxe… mais là aussi, les gouts, ça se travaille et ça peut même se réfléchir!

Bien évidemment, je fais partie des privilégiés qui n’ont pas à se soucier de leurs salaires ou d’avoir un toit sur la tête et je peux me permettre de ne pas craindre pour mon avenir, ni celui de mes enfants, en tout cas à moyen terme.
Mais je crois que m’être libérée de toute cette question de l’avoir ou du paraitre chasse malgré tout certaines craintes et certains enfermements qui pourraient ressembler à des prisons.

Jésus dans l’Evangile de Matthieu nous invite à ne pas nous soucier du lendemain (et même de l’aujourd’hui !):
25C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni, pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment pas, ils ne moissonnent pas, ils ne recueillent rien dans des granges, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? 27Qui de vous peut, par ses inquiétudes, rallonger tant soit peu la durée de sa vie ?
28Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas ; 29et pourtant je vous dis que pas même Salomon, dans toute sa gloire, n'a été vêtu comme l'un d'eux. 30Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs qui est là aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne le fera-t-il pas à bien plus forte raison pour vous, gens de peu de foi ? - Matthieu 6, 25-30

Jésus ne nous dit pas que la nourriture, la boisson, le vêtement sont des sujets à évacuer de notre vie… Il nous dit que la vie est PLUS que cela, que la vie n’est pas une succession d’inquiétudes, de peurs, qu’elle vaut vraiment la peine d’être vécue pleinement. La nourriture est importante, l’eau est vitale, les habits sont nécessaires mais se faire perpétuellement du souci pour cela n’est pas utile - pourtant nous pouvons comprendre que des personnes qui n’ont pas d’argent se demandent inlassablement de quelle façon ils vont nourrir leur famille! Et nous savons à quel point des inquiétudes peuvent nous « manger » la tête, incapables que nous sommes à penser à autre chose. Alors que nous savons pertinemment que ce n’est pas en nous faisant un ulcère à l’estomac que des problèmes financiers ou familiaux vont se régler !

Ce passage de l’Evangile pourrait nous inviter à la nonchalance, à la désinvolture : Dieu pourvoira ! Dieu va s’occuper de nous comme il s’occupe des oiseaux du ciel. Dieu va nous vêtir aussi magnifiquement que la nature est vêtue ! Pour ma part je n’ai jamais vu de nouveaux habits arriver comme par « miracle » dans ma penderie… ni ma table se remplir d’aliments succulents sans une intervention « humaine ». Peut-être ai-je trop peu de foi… ou peut-être faut-il se rendre compte que si les oiseaux ne sèment ni ne moissonnent… ils passent cependant une grande partie de leur temps à chercher de quoi se nourrir, tout en ne s’inquiétant pas de ne rien trouver. Les oiseaux n’attendent pas dans leur nid que la nourriture leur tombe dans le bec, mais ils n’ont aucune crainte concernant leur alimentation.

Donc chacun est appelé à exercer sa responsabilité jusqu’au seuil de ses compétences et au-delà… il faut lâcher prise car se ronger les sangs n’a jamais été la bonne solution. On peut s’enfermer dans la peur, comme on s’enferme dans des « obligations » sociétales. On peut s’enfermer dans tout et n’importe quoi et parfois, il est difficile de se libérer seul.
Alors, aujourd’hui, je vous invite à prier pour ces personnes qui vivent le confinement comme une perte de liberté, qui se sentent enfermés, angoissés, n’arrivant pas à se libérer ; à prier pour tous ceux qui s’enferment dans des postures, dans leur métier, dans leur apparence, dans leur argent pensant que leur être profond en dépend, oubliant qu’ils sont avant tout enfants de Dieu, aimés de Dieu et que la grâce ne leur fera jamais faux bond! 

Cantiques proposés :

Vous pouvez nous contacter pour vous-même ou pour d’autres que vous savez intéressés aux coordonnées suivantes :
lcronfalt@gmail.com - 0688746783

Nous vous ferons parvenir des lettres de nouvelles régulièrement, n’hésitez pas à nous dire si vous préférez ne pas les recevoir.

Prenez soin de vous,
Très fraternellement à tous,

Nicole Roulland-Rupp

Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour ; 

mais la plus grande des trois est l’amour. - 1 Corinthiens 13, 13

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