Culte du 21 mars 2021

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes réunis pour vivre ce temps culte comme un bout chemin à parcourir avec Jésus, lui, qui est venu vivre une vie semblable à la nôtre pour que nous partagions une vie semblable à la sienne.

Le temps de Carême est en effet ce temps où nous réaffirmons que les pas de Dieu ont rejoint ceux de l’humain.

Dieu est amour, fondement et lumière de la vie.

Force qui apaise, il accompagne et soulage ceux qui sont épuisés et portent de lourds fardeaux.

Il se réjouit avec ceux qui rient et pleure avec ceux qui sont tristes.

Dieu témoigne pour nous d’un amour infini et d’une présence indéfectible.

Célébrons Dieu pour sa fidélité.

Cantiques :

· J’entrerai dans ses portes : https://www.youtube.com/watch?v=Gc4X9f074hE

· Tu nous appelles à t’aimer (AEC 532) : https://www.youtube.com/watch?v=-jkUqCcqCZc&list=RD-jkUqCcqCZc&start_radio=1

Louange

Louons Dieu avec le Psaume 46

« 2 Dieu est pour nous un abri et un appui, un secours bien présent dans la détresse.

3 C’est pourquoi nous n’avons pas peur quand la terre tremble, quand les montagnes vacillent au cœur des mers, 4 quand leurs eaux grondent, écument et font trembler les montagnes en se soulevant. Pause.

5 Il est un fleuve dont les canaux réjouissent la cité de Dieu, le sanctuaire des demeures du Très-Haut. 6 Dieu est en son sein : elle ne vacille pas ; Dieu la secourt à l’approche du matin.

7 Des nations grondent, des royaumes vacillent ; il fait entendre sa voix : la terre s’effondre.

8 Le Seigneur (YHWH) des Armées est avec nous, le Dieu de Jacob est pour nous une citadelle. »

Seigneur,

Nous te confions tout ce qui fait vaciller nos vies dans le doute, la tristesse, l’obscurité.

Nous te confions tout ce qui pèse sur nos épaules et qui nous empêche de voir les grâces que tu nous fais au quotidien.

Sûrs de ton amour et de ton soutien, nous te louons avec joie.

Nous t’exprimons notre reconnaissance pour l’amitié et la solidarité.

Nous renouvelons notre confiance en ta bienveillance.

Nous affirmons avec le psalmiste que tu es notre abri, notre appui, le secours bien présent de nos vies.

Ensemble nous te disons et redisons MERCI.

MERCI de t’être fait proche de nous, en Jésus Christ,

MERCI pour la Vie, qui par lui, donne l’espérance au monde.

Nous prenons le temps de commencer ce temps de culte en pensant à toutes ces petites parties de Dieu qui viennent illuminer nos vies.

Amen

Cantiques :

· O Seigneur, ta fidélité (AEC Ps36) : https://www.youtube.com/watch?v=L3Vk2CBgvTo&t=14s

· Grâce infinie : https://www.youtube.com/watch?v=JLNtPUJ5Isg

Illumination

Seigneur, tu as permis que ton Fils rejoigne la condition des humains.

Tu lui as donné la liberté de rester fidèle et malgré la peur, Jésus a tenu ferme.

Accorde-nous de progresser dans sa connaissance, accorde-nous de cheminer sur sa route avec lui. Que sa vie et son combat soutiennent notre existence et nous marcherons résolument vers sa lumière.

Que ton Esprit nous accompagne dans la réception de ta Parole et qu’il guide nos cœurs au partage de ton message pour nous.

Amen

Lectures

Jérémie 31 :31-34

31 Les jours viennent – déclaration du Seigneur – où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, 32non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai saisis par la main pour les faire sortir d’Egypte, alliance qu’ils ont rompue, bien que je sois leur maître – déclaration du Seigneur. 33Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël, après ces jours-là – déclaration du Seigneur : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur ; je serai leur Dieu, et eux, ils seront mon peuple. 34Celui-ci n’instruira plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : « Connaissez le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand – déclaration du Seigneur. Je pardonnerai leur faute, je ne me souviendrai plus de leur péché.

Jean 12 :20-33

20 Il y avait quelques Grecs parmi les gens qui étaient montés pour adorer pendant la fête. 21S’étant approchés de Philippe, qui était de Bethsaïda, en Galilée, ils lui demandaient : Seigneur, nous voudrions voir Jésus. 22Philippe vient le dire à André ; André et Philippe viennent le dire à Jésus.

23 Jésus leur répond : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. 24Amen, amen, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. 25Celui qui tient à sa vie la perd, et celui qui déteste sa vie dans ce monde la gardera pour la vie éternelle.

26 Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où moi, je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un veut me servir, c’est le Père qui l’honorera.

27 Maintenant je suis troublé. Et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis venu en cette heure. 28Père, glorifie ton nom ! Une voix vint donc du ciel : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. 29La foule qui se tenait là et qui avait entendu disait que c’était le tonnerre. D’autres disaient : Un ange lui a parlé. 30Jésus reprit : Ce n’est pas à cause de moi que cette voix s’est fait entendre, mais à cause de vous. 31C’est maintenant le jugement de ce monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde sera chassé dehors. 32Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. 33Il disait cela pour signifier de quelle mort il allait mourir

Cantique :

· Sur les routes de l’Alliance (AEC 550) : https://www.youtube.com/watch?v=Ndtj6ohUEFU

Méditation – La nouvelle alliance.

Ces textes nous proposent de comprendre le message qui se dévoile tout au long du temps de Carême. En découvrant le ministère de Jésus et ses caractéristiques, nous pouvons réaliser combien le message de Jésus devient novateur : Il s’approche des souffrants et des rejetés, il leur donne le droit d’exister et d’être reconnus pour ce qu’ils sont : des êtres humains. Il annonce une loi nouvelle qui dépasse celle de Moïse : l’Amour. Il proclame l’intérêt de Dieu pour tous. Il invite chacun à la relation avant même de parler d’obéissance. Il encourage le cheminement personnel et annonce la grâce à celui qui cherche Dieu. Il enseigne et ouvre le chemin à ceux qui désirent le suivre. Son message se base sur le volontariat, l’envie, la recherche individuelle.

En ce sens le prophète Jérémie annonce un tournant majeur dans l’histoire qui lie Dieu aux humains. Il annonce une alliance nouvelle fondée non plus sur la Loi mais sur la proximité de Dieu et son amour. En effet, la loi ne s’enseigne plus, elle est vécue au plus profond de l’être, lorsque la personne saisit la bienveillance de Dieu et la grandeur de son amour.

Cette nouvelle alliance ne naît pas de nulle part mais découle du plus ancien qu’elle. Bien que ce vocabulaire marque une certaine rupture séparant l’ancien du nouveau, il souligne également la continuité des deux. Jérémie mentionne le passage à une loi d’Amour et de Grâce dans laquelle le pardon est premier. Il ne s’agit alors pas d’oublier la loi de Moïse mais d’envisager, comme Jésus le fait, que la loi découle du message d’amour. Ainsi l’amour de Dieu, annoncé par Jésus, vient transcender en nous la notion même de loi et d’obéissance. Loin de les faire disparaître, il en fait quelque chose d’inhérent à la foi. Nous n’obéissons pas pour plaire à Dieu mais c’est parce que Dieu nous aime que nous respectons les valeurs de son enseignement. C’est ainsi que naît en nous une notion de bien et de mal dictée non plus par des autorités mais par l’amour que nous recevons et qui nous change au plus profond de nous.

Ancienne alliance et nouvelle alliance font partie de notre jargon chrétien signifiant le chamboulement provoqué par la venue de Jésus, son ministère, sa mort et sa résurrection. Plus qu’un langage religieux, ce vocabulaire insiste sur cette transformation que vient initier l’amour inconditionnel que Jésus annonce.

Nous remarquons un changement de dynamique dans l’évangile de Jean avec le décalage existant entre la demande des juifs (les grecs) et la réponse de Jésus.

« Nous désirons voir Jésus » disent les grecs. Comme s’ils cherchaient à voir la célébrité du moment, comme s’ils venaient vérifier les ragots entendus. Ils veulent voir et non entendre. Ils semblent vouloir davantage de spectacle qu’une rencontre avec lui. Ces effets de langages sont peut-être anodins mais la réponse de Jésus laisse entrevoir un écart entre ce qu’ils demandent et ce que lui peut leur apporter.

Jésus répond en mentionnant la glorification du Fils de l’homme. Antoine Nouis indique que « la glorification correspond à la manifestation de l’identité profonde d’une personne »^[1]. Sans donner plus de précision dans un premier temps, Jésus laisse donc entendre que son invitation est une rencontre réelle avec lui. Il ne cherche pas à confirmer ou infirmer les ragots mais bien à préparer ce qu’il annoncera plus tard dans le texte : sa mort et sa résurrection. Pour argumenter les raisons pour lesquelles mourir et ressusciter révèlera son identité, Jésus utilise la métaphore du grain de blé. Antoine Nouis l’explique de la manière suivante :

« Dans son grenier, le grain de blé est heureux. Il règne une douce chaleur et personne ne vient l’embêter. Un jour il est mis en sac, bousculé, transporté jusqu’au moment où il sent une main le saisir. Il est jeté en l’air et tombe dans la terre froide. Il s’enfonce dans une atmosphère sombre et humide. Il est seul et, avec le temps, il sent que l’humidité fait craquer son épiderme. Elle pénètre jusqu’au plus profond de son être. Dans la nuit, le froid et la solitude, il meurt doucement. Quelque temps plus tard, une jeune pousse sort du grain et se dirige vers le haut. Elle traverse la terre et arrive à la lumière. Lorsque le printemps paraît, la pousse se transforme en tige, puis en épi, et chaque épi donne trente, soixante, cent grains nouveaux qui donneront naissance eux-mêmes à des milliers, des millions de fruits »¹.

De même que le grain de blé, Jésus annonce qu’il doit mourir afin que de nombreuses personnes puissent vivre par lui. Par sa mort, l’amour de Dieu sera révélé au monde et tous pourront croire et vivre la nouvelle alliance, une vie nouvelle, se sachant aimés inconditionnellement. Il s’agit ainsi de se détacher des stigmates dont on s’est paré pour être apprécié et de s’accepter soi-même tel que l’on est, comme Jésus l’a fait. Il s’agit de ne pas rester figé sur ce que la vie nous a donné afin de recevoir l’infini que Dieu nous promet. Cet infini, c’est le temps et la capacité de transmettre ce morceau de vie qui nous est donné par milliers, par millions. Ainsi ces paroles de Jésus (v. 26) prennent sens : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où moi, je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un veut me servir, c’est le Père qui l’honorera ».

Jésus nous invite à sa suite à accepter qui l’on est au fond de nous. Il nous a montré la voie, il nous a transmis l’amour. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de peur, pas de mort, Jésus lui-même est troublé. Mais cela veut dire qu’il y aura toujours la Vie au bout du chemin. Et même lorsque nous douterons, la voix de Dieu nous dira toujours qu’il a révélé son amour au monde, qu’il l’a déjà fait et qu’il le fait encore ! La tâche à laquelle nous appelle Jésus et donc de partager cette vie donnée dans la confiance que l’infini nous trouvera toujours. Autrement dit, Jésus accompagne encore celui qui fait cette conversion vers la Vie, vers l’amour.

Dietrich Bonhoeffer témoigne ainsi : « J’ai compris plus tard et je continue d’apprendre que c’est en vivant pleinement la vie terrestre qu’on parvient à croire. Quand on a renoncé complètement à devenir quelqu’un —un saint, ou un pécheur converti, ou un homme d’Eglise (ce qu’on appelle une figure de prêtre), un juste ou un injuste, un malade ou un bien portant —afin de vivre dans la multitude des tâches, des questions, des succès et des insuccès, des expériences et des perplexités […] alors on se met pleinement entre les mains de Dieu, on prend au sérieux non ses propres souffrances mais celles de Dieu dans le monde, on veille avec le Christ à Gethsémani; telle est, je pense, la foi, la metanoia [le changement/la transcendance/la conversion (en grec)]; c’est ainsi qu’on devient un homme, un chrétien »[2].

Dietrich Bonhoeffer témoigne ainsi de son parcours vers la conversion, vers ce renoncement et l’ouverture de son regard à l’amour, à la veille et au soin de la vie d’autrui.

Je terminerai avec la notion de jugement posée au verset 31. Ce terme se réfère à la notion de vérité profonde mais aussi à l’état de crise. Par sa mort, Jésus devient révélateur de vérités à travers les changements qu’il introduit chez l’humain. Cette caractéristique de Jésus vient se confronter à la crise que nous connaissons depuis toujours, nous humains, par notre ambivalence à la fois au jugement et à l’accueil. Ce temps de jugement annoncé par Jésus est un temps durant lequel il appelle à la vérité, à la sincérité et à l’authenticité.

Jésus ne cherche pas la perfection, simplement la sincérité des cœurs. Par sa mort, il crée un attrait du monde vers lui, vers l’amour. Saint Augustin disait : « si tu es attiré, suis ton attrait ; si tu n’es pas attiré, demande de l’être ».

Dieu nous appelle à voir Jésus comme celui qui nous guide le long du chemin

Dieu nous appelle à vivre le Carême comme un temps dédié à réfléchir à qui l’on est,

Dieu nous appelle à Vivre pleinement notre vie.

Par Jésus, il nous libère de tous nos enfermements en nous rappelant combien grande est sa grâce, combien infini est son amour.

Suivons son appel, et prions pour toujours l’entendre !

Amen

Temps musical :

· Gigue en D majeur, J-Ph. Kirnberger : https ://www.youtube.com/watch ?v=_-ZkF9mgwNk

Confession de foi