Lettre de nouvelles du 20 janvier 2021

 



Bonjour à toutes et à tous.

Depuis presque un an maintenant, nous vivons sous le coup des décrets, des interdictions, des autorisations, des protocoles, des ouvertures, des fermetures, des confinements, des couvre-feux. On fait avec, on se révolte dans notre coin, on brave les interdits en devenant hors-la-loi en sortant sans attestation dérogatoire. Oui, parfois, en prenant du recul (car le virus est bien présent et il continue à faire des malades et des morts), la situation peut paraitre totalement ridicule : si on m’avait dit un jour que j’allais me signer une autorisation sur l’honneur pour aller chercher mes enfants à l’école à 18h ! Et d’un autre côté, je n’ose imaginer le nombre de personnes se plaignant de la fermeture des salles de sport, alors qu’elles n’y ont mis les pieds qu’une fois en 6 mois d’adhésion ou de ceux se sentant persécutés parce que ne pouvant plus aller au théâtre alors que la dernière fois qu’ils ont vu une pièce remonte au siècle dernier.
Oui, on peut trouver les décisions gouvernementales incohérentes, absurdes, sans fondement… mais dans l’ensemble, on comprend que la situation est étrange pour tout le monde et on essaie de protéger les plus fragiles (enfin, je l’espère !).

Et justement, les textes du moment proposés par Pain Quotidien parlent de la loi. Du respect… ou pas de la loi, en prenant l’exemple du sabbat - Luc 6, 1-11. Dans un premier temps, les disciples glanent des épis et en mangent les grains. Un jour de sabbat, arracher des épis peut être considéré comme du travail, et donc, interdit. Mais ce que Jésus expose aux pharisiens c’est que la faim doit être comblée, même un jour de sabbat. Il prend d’ailleurs l’exemple de David qui, avec ses compagnons, avait mangé les pains d’offrande réservés aux prêtres - 1 Sam 21, 1-7 - mais c’était la faim qui avait conduit le groupe à se comporter ainsi. Jésus ne s’arrête pas là dans la démonstration et c’est au sein même de la synagogue qu’il va guérir un homme à la main paralysée. Sa logique est simple : « qu'est-ce qui est permis le jour du sabbat ? Est-ce de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une vie ou d'en causer la perte ? ». Entre la vie et la mort, toujours choisir la vie, même un jour de sabbat !

Parfois quand je dis que je ne mange pas de viande, des amis me demandent, sur le ton de la plaisanterie, si c’est contre ma religion. Et je leur réponds toujours la même chose : « ma religion » ne m’interdit rien… que c’est simplement en conscience en en responsabilité que j’ai fait ce choix qui est un choix éthique et écologique et nullement religieux… même si j’estime que ma foi n’est pas pour rien dans ce choix.
Non, « ma religion » ne m’interdit rien, même si, bien évidemment, je suis soumise aux lois du pays dans lequel j’habite, même si je ne suis pas toujours convaincue par ces mêmes lois.

Et pour reprendre l’exemple de l’alimentation, par rapport à d’autres religions ou confessions, aucun interdit alimentaire ne m’est posé. Je peux donc manger tout ce que je veux… mais j’ai décidé de ne pas le faire. C’est un choix personnel, raisonné, réfléchi que personne ne m’a imposé.

Et souvent, quand on parle de lois, on réfléchit en interdits et pas en permis. La loi est nécessaire pour un bon vivre ensemble. Heureusement qu’il existe un code de la route pour éviter les accidents. Lors du 1er confinement, nous avions mis en place une charte avec les enfants pour que les choses soient claires pour tout le monde et pour éviter que la vie commune ne se transforme en guerre civile.
On connait tous ce slogan : « il est interdit d’interdire » attribué à Jean Yanne moquant à la fois les CRS et les slogans étudiants de 68. Si chacun était raisonnable, responsable et conscient qu’il n’est pas seul et que ses actes ont des conséquences, il serait effectivement inutile d’interdire quoi que ce soit. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas. A ce sujet, je me suis toujours interrogée sur ce que peut penser un automobiliste se garant sur un trottoir ou un passage piéton… parce qu’il a conscience qu’il est mal garé et pourtant, il le fait. Se dit-il : c’est bon, je pense que je ne gène personne ou alors, ne pense-t-il même pas et se moque-t-il éperdument des autres?

Et au milieu de tous ces interdits, il y a ce qui est permis, autorisé. Mais est-on obligé également de faire tout ce qui est autorisé? Ou peut-on également être raisonnable et se dire que, même si j’ai le droit, je ne suis pas obligée par rapport à moi et par rapport aux autres. Par exemple :  j'ai le droit de monter en haut du mont blanc... mais je ne vais pas le faire parce que je n'ai pas la condition physique, je ne sais pas escalader une montagne et parce que mon inconscience risque de mettre d'autres personnes en péril…
Peut-être que ce trop plein d’interdits a infantilisé les hommes et les femmes et qu’ils ne sont plus en capacité de réfléchir à la portée de leurs actes. Peut-être est-il nécessaire d’arrêter de réfléchir pour eux, de leur faire confiance. Mais malheureusement j’ai l’impression que cette crise sanitaire a exacerbé un chacun pour soi qu’il va falloir du temps à corriger. Je ne peux m’empêcher de penser à ce passage de la 1ère Epitre aux Corinthiens où, à propos encore d’alimentation, Paul même s’il se considère libre estime que « Tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout n’est pas constructif ».
Oui, tout m’est permis, j’ai le droit de faire tellement de chose, mais est-ce pour autant nécessaire, est-ce pour autant constructif? L’objectif n’est pas de se brider, de s’interdire de vivre, mais d’avoir une réflexion la plus globale sur nos actions. Nous avons cette réflexion au niveau écologique, pourquoi ne pas l’avoir dans la vie de tous les jours, dans tous les domaines de notre vie. Choisir la vie plutôt que la mort parait être un bon programme…

Cantiques proposés :
Ecoute, entends la voix de Dieu (ARC 239) - https://youtu.be/mubaxJxZxq8
Vous êtes lumière(s) du monde - https://youtu.be/9vFD4DPYbg4

N’hésitez pas à nous contacter
pasteur.roullandrupp@orange.fr - 0667885833
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Prenez soin de vous… et des autres… et restez chez vous… !
Nicole Roulland-Rupp

Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour ;
mais la plus grande des trois est l’amour. - 1 Corinthiens 13, 13

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